au début de son règne, grâce à son courage et à la fermeté de sa mère, les révoltent des barons qui profitèrent de la faiblesse du pouvoir royale pour obtenir leur autonomie furent matées.
vers 1242 roi guerrier et victorieux des anglais qui tentèrent de reprendre les territoires de l'ouest de la france, louis IX se signala bientôt par une vive piété et une foi intransigeante. [...]
voulant laisser un royaume pacifié et où régnerait la justice, il envoya en 1247, dans les diverses parties du domaine royal, des religieux mendiants pour enquêter sur les abus qu'auraient pu commettre les agents royaux dans l'exercice de leurs fonctions ; à la suite de quoi une bonne partie des baillis et sénéchaux furent sanctionnés et remplacés par des personnes plus dignes.[...]en 1254, convaincu que l'échec de la croisade était dû à ses fautes et à celles des croisés, il allait désormais consacrer toutes ses forces à une réforme politique et morale du royaume, de façon à y faire régner la volonté de dieu et la paix. son prestige personnel lui permit d'intervenir comme arbitre dans de nombreux conflits territoriaux et dynastiques, tant en france que dans les pays voisins, et de faire prévaloir son arbitrage. [...]
il développa toute une législation qui visait à renforcer les prérogatives royales dans le domaine de la justice : lorsqu'enguerrand de coucy eut fait pendre 3 juenes gens dont le seul crime avait été de chasser sans autorisation sur ses terres, louis IX refusa que ce seigneur soit jugé par ses pairs et lui infligea un câtiment. en 1262 il affermit la stabilité de la monnaie royale et établie sa prééminence par rapport à celle des seigneurs qui avaient encore le droit de battre monnaie. enfin, il promulgua entre 1254 et 1269 des ordonnances contre la prostitution, le jeu, le blasphème et le duel judiciaire dans le but de faire régner dans son royaume un ordre moral conforme aux enseignements de l'église.ses tendances acsétiques et pénitentielles ne cessèrent de s'accentuer dans les dernières années de son règne. en 1266 au grand désespoir de son entourage et de la plupart de ses conseillers, il décida de repartir en croisade [...] en tunisie où régnait al-mostansir dont il avait entendu dire qu'il était disposé à se convertir au christianisme. en fait, il n'en était rien, et le roi, à peine débarqué près de tunis, y mourut du typhus le 25 août en proférant les paroles: "jérusalem! jérusalem!".[...]nul n'a mieux mérité que lui le titre de "roi très chrétien", tant pour son sens de l'équité que par le souci permanent qu'il eut de ne pas faire de tort à autrui. [...]le respect dont il entourait les prélats et les clercs ne lui interdit jamais d'y jouer un rôle autonome: pour lui, l'église est un corps dont tous les baptisés sont les membres actifs et le souverain plus que quiconque, dans la mesure où son pouvoir procède de celui du christ. le roi de france est vassal de dieu, non du pape, et son action n'a pas à s'identifier à la politique ecclésiastique. aussi n'hésita t il pas à s'opposer à la juridiction des évêques français qui prétendaient intervenir dans tous les domaines de la vie sociale en abusant de l'excommunication, et à prendre ses distances vis à vis de la papauté dans les conflits qui l'opposèrent alors avec l'empereur frédéric II et à ses successeurs. [...]
avec st louis commence à s'affirmer dans la réalité concrète un ordre de droit laïc qui confère à la puissance publique l'autorité législative et le pouvoir de rendre la justice. mais pour lui, la finalité du pouvoir temporel était d'ordre spirituel: s'appuyant sur les ordres mendiants dont il partageait l'idéal, il rêvait de faire de la france un "nouvel israël" et des français un peuple élu appelé à réaliser hic et nunc le royaume de dieu. non pas au détriment de l'église, comme son contemporain frédéric II, mais en obligeant celle ci à être fidèle à sa mission et aux exigences évangéliques. dans cette perspective, le rachat par st louis de la couronne d'épine en 1238/39 et la construction, pour l'abriter, de la ste chapelle située au coeur du palais royal prennent tout leur sens. ils constituent en effet le signe de la suprématie du roi de france, souverain directement inspiré par dieu qui agit comme s'il était le chef "charismatique" de la chrétienté à une époque où les papes et le clergé étaient souvent égarés par leur volonté de puissance et leurs ambitions temporelles.
mais cette revendication n'était pas l'expression d'un désir d'hégémonie. si louis IX a été considéré comme un saint par le peuple et par l'église, c'est que, suivant la logique de la sainteté, il a recherché jusqu'au bout l'impossible harmonie des extrêmes : réconcilier le pape et l'empereur, associer la croisade et la mission, mener une existence de religieux tout en affirmant hautement la dignité royale. A la suite du christ il a finalement connu l'échec et la mort dans la solitude. sans doute est ce ce destin tragique qui explique qu'il soit le seul roi de france dont la popularité a largement dépassé les frontières de son royaume.[...]le souci de la justice semble avoir été une préoccupation majeure du roi [...].chez louis, nous l'avons vu, l'obéissance à l'église va de pair avec une certaine réserve vis à vis des institutions et des comportements ecclésiastiques. mais ce qu'il dénie aux institutions, il l'accorde aux exigences morales chrétiennes, et nul n'est allé aussi loin de son temps dans l'instauration d'une législation tendant à les mettre en pratique. au delà de l'anecdote, il apparaît avant tout comme un défenseur de la justice, lorsqu'il permet à quiconque de porter plainte contre les abus de l'administration royale, généralise la procédure d'appel à la justice royale et desserre l'étau féodal au double profit des individus et de l'état. de fait son désir de justice a contribué à affermir l'état comme représentant de la volonté générale, ce qui permet de comprendre que la république laïque de jules ferry ait pu se reconnaître en lui. mais la sainteté de st louis ne se réduit pas à un sens aigu de son devoir d'état et des exigences de son accomplissement. très marqué par l'évangélisme des ordres mendiants, il aspira également à s'identifier au christ souffrant et aimant : il portait une ceinture de crin autour de reins en guise de cilice et dormait quand il le pouvait sur un lit de bois. sa charité était sans limites : on a calculé que ses aumônes représentaient le dixième de ses dépenses de la cour! surtout, il cherchait, à chaque fois que cela lui était possible, à s'impliquer personnellement dans le service des pauvres: tous les samedis, en temps normal, il lavait les pieds à 3 d'entre eux, leur servait un repas et mangeait même leurs restes. a royaumont, abbaye qu'il avait fondée et où il effectua de nombreux séjours, il se comportait en simple religieux et donnait lui même à manger à un frère lépreux.diverses anecdotes signalent chez lui l'existence d'une vive tension entre la conscience d'être roi et la dévotion personnelle, et l'on peut se demander si la tentation de se retirer du monde ne l'a pas effleuré dans la dernière partie de son existence. mais cette contradiction s'est résolue par un compromis, qu'on appelle dans les textes de l'époque la "prud'hommie", manière de vivre dans le monde de façon chrétienne tout en honorant les exigences de son état, par opposition à la figure du "béguin" totalement confit en dévotions que certains de ses contemporains lui ont reproché -à tort- d'avoir été.[...] ainsi, il portait des chaussures apparemment normales mais sans semelles, ce qui lui permettait de pratiquer une forme d'ascèse sans que son entourage ne s'en aperçoive. ses paroles pieuses étaient réservées au cercle de ses familiers, [...]. en ce XIIIè siècle qui découvrit la vie privée et familiale, on trouve chez st louis une attitude emblématique-respect filial pour la mère, fidélité à l'épouse, attention aux frères et aux enfants- qui fait de lui une des premières figures du père de famille chrétien, attentif et sévère, qui prévaudra jusqu'au XXè siècle.
(passages tiré du texte st louis de la revue christus d'avril 2014)