wattie

vivre ou survivre?

Lundi 19 mars 2012 à 20:15

http://www.rom1.fr/chris_blog/wp-content/uploads/2012/01/marilyn_monroe_milton_greene_3.jpg

Passages du livre Marilyn Monroe, confession inachevée:


Je savais à quel point j'étais médiocre. Mon manque de talent, j'avais l'impression de le porter comme une robe bon marché. Mais, mon Dieu, comme je voulais apprendre! Me transformer, m'améliorer! je ne désirais rien d'autre. Ni hommes, ni argent, ni amour, mais la possibilité de jouer la comédie. Avec les projecteurs et la caméra braqués sur moi, je me voyais soudain telle que j'étais. Si maladroite, si vide, si inculte! Une orpheline morose avec une cervelle comme un petit pois!

Mais j'allais changer. Immobile et silencieuse, je regardais de tous mes yeux. ... J'avais un nouveau nom, Marilyn Monroe. Il me fallait renaître sous ce nom. Et mieux réussir cette naissance que la première fois.

...

elle me guida dans mes lectures. Je lus Tolstoï et Tourgueniev. Ces deux auteurs me passionnèrent... Mais je n'avais pas l'impression pour autant d'enrichir mon esprit.


Oui il y avait quelque chose de spécial chez moi, et je savais ce que c'était. J'étais le genre de filles qu'on retrouve morte dans une chambre minable, un flacon de somnifères vide à la main.


Quand on est jeune et bien portant, on peut être résolu au suicide le lundi, et retrouver toute sa gaieté le mercredi.


Un homme était en train d'escalader la fenêtre de ma chambre. Je pris une grosse voix d'homme et lançai d'un ton indigné:

- Dites donc, qu'est ce que vous faites là?

L'homme ressortit la tête pour regarder dans ma direction.

- Allez vous en, criai-je, toujours de ma grosse voix, sinon j'appelle la police.

L'homme se mit à marcher vers moi. Tournant les talons, je pris mes jambes à mon coup.

Il était prêt de minuit. Pieds nus, avec une de ces chemises de nuit très succinctes, alors à la mode, qui m'arrivait juste en dessous de la taille, je courrais dans la rue totalement déserte.

... Ce n'est pas un cambrioleur, poursuivit l'inspecteur d'un ton sévère. Il connaît votre nom et votre adresse. Il revient après que vous l'avez chassé. De toute évidence il ...

L'autre policier, qui était en train de fouiller mon visiteur, lui sortit un pistolet de la poche.

-Hé, fit-il, coupant la parole à l'autre, c'est un 38 de service!Où vous avez pris ça?

A l'expression "38 de service" je compris qui était mon visiteur. C'était le policier aux yeux trop rapprochés qui m'avait aidée à toucher mon chèque ... Il s'était souvenu de mon nom et de l'adresse que j'avais inscrits au dos du chèque.

... Je racontais mon histoire aux inspecteurs. L'autre voulu nier mais les policiers trouvèrent sur lui une carte de police... ils l’emmenèrent.

Le lendemain, les inspecteurs revinrent me voir. Ils m'expliquèrent que le flic en question était nouveau dans le métier, qu'il était marié et qu'il avait un bébé de quatorze mois. Ils me sauraient gré, me dirent ils, de ne pas porter plainte contre lui, ce qui aurait été fâcheux pour la réputation de la police.


Le sexe est une chose bien déroutante quand il vous laisse de glace. Quand je me réveillais le matin,après mon premier mariage, je me demandais si le monde entier était fou, à faire en permanence un tel battage autour du sexe. C'était un peu pour moi comme si j'avais entendu vanter du matin au soir les mérites incommensurables de la poudre à récurer.

... Ensuite, quand je me mis à lire, je tombai sur des mots comme "frigide","marginale" et lesbienne". Je me demandai alors si je n'étais pas les trois à la fois.

Un homme qui m'avait embrassée une fois m'avait dit qu'il était bien possible que je sois lesbienne parce que apparemment le contact des hommes-en l’occurrence, le sien-ne provoquait chez moi aucune réaction. ... Sans compter cette tendance inquiétante chez moi à toujours éprouver du plaisir en regardant une femme bien faite.

Maintenant que j'étais amoureuse, je savais qui j'étais. Pas lesbienne, en tout cas. Quant au monde, il n'était pas fou d'être à ce point excité par le sexe. En vérité, il ne l'était pas assez.


La gentillesse est la plus étrange qualité que l'on puisse trouver chez un aman-,ou chez n'importe qui.


Je restais à la maison, prenais des courts d'art dramatique, lisais des livres.

Un, surtout, m'emballa plus que tout ce que j'avais lu jusqu'alors : l'autobiographie de Lincoln Steffens. C'était pour moi le premier livre qui semblait dire la vérité sur les gens et sur la vie. Un livre plein d'amertume, mais de force qui ne se faisait pas simplement l'écho de toutes les fables dont j'avais toujours eu les oreilles rebattues, selon lesquelles les gens s'aimaient les uns les autres, la justice triomphait en toutes circonstances et les gens importants de la nation agissaient toujours au mieux des intérêts de leur pays. Lincoln Steffens savait tout sur l'injustice et sur les pauvres gens. Il connaissait les mensonges dont se sevraient certains pour se pousser en avant, connaissait l'arrogance des riches. C'était à croire qu'il avait eu une existence aussi dure que la mienne. J'adorais son livre. Pendant que je le lisais, j'oubliais que je n'avais pas de travail et que je n'étais pas "photogénique".

...

-A votre place, dit-il à mi-voix, je n'irais pas clamer mon admiration pour Lincoln Steffens. Ca ne peut que vous attirer des embêtements. On va raconte partout que vous êtes une rouge.

-Une rouge? M'étonnais-je.

-Une révolutionnaire, précisa M. Mankiewics. Ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler des communistes?

-Pas beaucoup, dis-je.

-Vous ne lisez pas les journaux?

-Je saute ce qui m'ennuie.

...

Je n'arrivais pas à croire qu'on puisse s'en prendre à moi parce que j'admirais Lincoln Steffens. Le seul autre personnage politique que j'avais jamais admiré, c'était Abraham Lincoln. J'avais lu tout ce que j'avais pu trouver sur lui. C'était à mes yeux le seul Américain célèbre qui me ressemblait un peu, du moins dans son enfance.

Quelques jours plus tard, le service de publicité me demanda d'établir une liste des 10 plus grands hommes du monde. J'inscrivis en tête le nom de Lincoln Steffens et le type du service de publicité secoua la tête.

-Il va falloir rayer celui-là,dit-il. NOus ne voulons pas qu'on enquête sur Marilyn.

Je compris alors ... Je ne parlais donc plus jamais de lui, à personne... mais je continuai à lire le deuxième volume en secret et planquai les deux volumes sous mon lit ... ma première action clandestine.


Jamais un homme aux dents trop bien rangées ne m'a attirée. En vérité, les sourires de publicité pour dentifrice m'ont toujours déplu


J'avais rêvé toute ma vie d'avoir de l'argent, mais le million de dollars que J.H. m'offrait maintenant ne représentait rien pour moi.

-Je ne te quitterai pas, lui répondais-je. Et je ne te trahirai jamais. Mais je ne peux pas t'épouser, Johnny. Parce que tu vas guérir. Et plus tard, un jour ou l'autre, je risque de tomber amoureuse. ...

-Je ne guérirai pas et je veux que ma fortune te revienne quand je ne serai plus là.

Mais je ne pouvais pas dire oui. ... Il voulait être sûre que jamais plus de ma vie je ne connaîtrais la faim et la pauvreté.

... Joe Schenck a essayé de me convaincre.

-Qu'est ce que tu as a perdre?...

-Moi-même. Je ne me marierai que pour une personne que pour une seule raison-l'amour.

Il m'a demandé:

-Qui préfèrerais-tu épouser- un garçon pauvre que tu aimes ou un homme riche qui ne te déplaît pas?

-Un garçon pauvre que j'aime ais-je répondu.

-Tu me déçois, a-t-il rétorqué. Je te croyais plus fine mouche.

... Après sa mort ... je n'ai jamais regretté le million que j'avais refusé. Mais je n'ai jamais cessé de regretter ...,le meilleur homme du monde.


Les soirées hollywoodiennes non seulement me déconcertent, mais encore me déçoivent bien souvent. Et ma déception se précise par exemple lorsque je fais la connaissance d'une vedette que j'admirais depuis mon enfance. ... Je me suis souvent ainsi tenue silencieuse durant des heures au cours d'une réception à regarder mes idoles de l'écran se transformer sous mes yeux en fantoches sans envergure.


Les grands manitous des studios sont très jaloux de leurs prérogatives. Tout comme ceux de la politique, ils aiment choisir leurs propres candidats à la renommée. Ils n'aiment pas que le public s'en mêle et leur colle sur les bras une créature de leur choix en déclarant : "c'est elle qu'on veut."

Mercredi 7 mars 2012 à 20:58

Qui l'eu cru, c'est en Europe, de l'atlantique à l'oural, pourtant le continent le plus paisible, qu'il y aurait le plus de mafias. Pire encore , ces mafias depuis ces dernières années ne cesseraient d'affirmer leur puissance. Pourquoi?

 

Le coût du blanchiment d'argent:

Depuis les mesures prises aux USA pour durcir les conditions de blanchiment d'argent, de nombreuses mafias se sont rapatriées sur le continent  européen où elles étaient déjà fortement implantées depuis la chute du communisme (le passage brutale d'une société administrée à une société libérale favorise l'implantation des mafias tout comme le capitalisme sauvage, la culture de clans, les troubles politiques comme les guerres civles ou les révolutions...)

Mais aussi grâce aux paradis fiscaux.

 

La crise:

 Lors de pénurie de liquidité, les institutions financières en difficulté se montrent beaucoup moins regardantes sur la provenance de l'argent de leurs déposants, signalerait un rapport des services secrets italiens (Ce rapport alerterait aussi sur le fait que certaines institutions risqueraient d'être prises sous contrôle mafieux et ainsi donner naissance à de véritables banques mafieuses comme ce fut le cas en Russie dans les années 90).

 

La corruption:

Mais les mafias s'exportent aussi grâce à la corruption galopante dans la pratique des affaires et criminalisent ainsi le monde jusqu'à ses élites que la criminologie italienne désigne sous le terme bourgeoisie mafieuse (politique, économico-financière, sportive, du spectacle [les renseigenment intérieurs de France s'inquiétaient d'ailleurs du rapprochement entamé du showbiz avec celui du milieu via la consommation de drogues]...). Cette bourgeoisie mafieuse use d'un discours libéral mais sa logique consiste à profiter de la dérégularisation et de la dérèglementation pour mieux contourner le marché en utilisant ses réseaux criminels.

 

Cette criminalisation du monde officiel n'est plus hélas un phénomène limité à l'Italie; elle se note non seulement dans les autres pays d'Europe ... comme cela peut exister en France à l'occasion de certains grands contrats. Bien qu'il ne s'agissent pas forcément du phénomène mafieux à proprement parlé mais de mécanismes de corruption où des acteurs de premiers plan frayent avec des intermédiaires en tout genres disposant parfois de liens scélérats avec le milieu, cette corruption en France est d'ailleurs facilitée par son système juridique où "le parquet dépendant du pouvoir peut s'inviter dans l'instruction d'affaires délicates pour calmer les ardeur de la justice".

 

Un monde mafieux sans mafias

"Le discours économique dominant préfère occulter cet aspect des choses en parlant de retournement de conjoncture mais les enquêtes du congrès américain permettent de dire que la criminalisation du monde économique dépasse désormais le simple cadre des élites mafieuses. Le FBI soulignait que la crise des subprimes a mis à jour des pratiques mafieuses, mais désormais sans la mafia.

 

                                                                                  L'aubaine de la privatisation des secteurs public:

 

"Depuis 2011, la crise des dettes souveraines en Europe oblige les Etats, sous la pression de ces mêmes forces financières prédatrices qui ont été à l'origine de la crise, à prendre des mesures qui vont toutes dans le sens d'une nouvelle réduction de leur périmètre d'action. Or ces recettes, notamment la privatisation des secteurs publics, quand on les regarde d'un point de vue criminologique, spont aux antipodes de ce qu'il faudrait faire. Elles ont toutes fortement criminogènes et l'histoire des années 1980-2000 témoignent du rôle décisif qu'elles ont eu dans l'essor du phénomène mafieux" ...

"Mais l'idéologie dominante était alors celle de : l'Etat moderne, Etat modeste pour reprendre le titre d'un célèbre essai de Michel Crozier, alors chef de file en Europe de ectte sociologie néolibérale. ... La fraude, depuis la fable des abeilles de Mandeville, n'est pas une question sérieuse chez les néolibéraux puisqu'elle participe même à la création de richesse" (! cette fameuse richesse; ce "tout pour l'argent")

 

"Le plus paradoxal, c'est que si la crise des subprimes a invalidé en théorie la plupart des recttes néolibérales, la crise des dettes souveraines a contraint les Etats à y recourir à nouveau. ... Il est donc à craindre que les Etats, encadrés par la fameuse règle d'or, se retrouvent plutôt enfermés dans une cage dorée qui ne leur donnera plus les moyens de lutter efficacement contre les forces de la prédations privée. ... En témoignent les velléités de retour aux vieilles doctrines périmées de l'Etat gendarme défendues y compris par des esprits étrangers aux sempiternels discours des officines néolibérales de plus en plus relayés par une partie médiatique dominant."

 

 RESTREINDRE L'ETAT AUX SEULES FONCTIONS REGALIENES (JUSTICE,POLICE,ARMEE) SERAIT LA PIRE DES ILLUSIONS POUR COMBATTRE LA MAFIA CAR EN CE DOMAINE, LES SEULES FORCES REPRESSIVES NE SUFFISENT PAS. L'histoire démontre que de nombreux acteurs méconnus ont un rôle stratégique dans la lutte contre les forces de la prédation privée.

Ainsi les agents qui se retropuvent en 1ère ligne face aux logiques mafieuses n'appartiennent pas aux forces répressives: ce sont les services du fisc, de l'inspection du travail ou les services sociaux. Leur efficacité dépende de leur protection statutaire. Qu'en sera t il demain si ces agents sont menacés d'être renvoyés par un petit chef sensible aux injonctions politico-mafieuses?"

ET Dieu sait qu'il y a des détails encore plus infimes "comme l'infiltration des universités pour mettre la main sur certains diplômes (d'architecture, de médecin ou d'avocats par exemple) c'est déjà le cas en Russie où certaines universités rackettent désormais leurs propres enseignants qui doivent s'acquitter du pizzo sous peine d'être licenciés.

 

Partout où ils sont programmés, ces reculs de la puissance publique -indépendament du fait que les atteintes à l'Etat providence ... ont toujours pour objectif caché une réduction du pouvoir démocratique- représentent une étape supplémentaire dans l'accroissement des pouvoirs criminels.

 

         L'enjeu est donc crucial:

 

"LA PERIODE PRESENTE POURRAIT BIEN ETRE LA 1ERE ETAPE QUI, SOUS LA PRESSION DES MARCHES, FERA BASCULER L'OCCIDENT VERS UN DESEQUILIBRE PUBLIC/PRIVE OFFRANT LES CONDITIONS D'UN POSSIBLE TRIOMPHE DES MAFIAS..." C'est donc une partie de bras de fer très inégale mais décisive qui se joueen sordine. La question criminelle (ndlr la sérieuse pas les délinquents de rue) reste évidemment la grande absente des agendas officiels; il s'agit surtout de sauver la monnaie, de trouver de nouvelles économies budgétaires, de rassurer les agences de notation etc...

 

POurtant, de la capacité qui sera laissée à l'Etat pour maîtriser correctement la pression criminelle, en ne se limitant pas à la nécessaire mais insuffisante réponse répressive, dépendra à terme la survie du vivre ensemble et de l'Etat de droit. Pour l'avoir négligée, les Européens ont laissé à partir de 1991 la Russie ... s'enfoncer dans un système illibéral marqué par la domination mafieuse. ... C'est le profil même de la société à venir qui se dessine en cette période de crise. .... Outre ce qui se passe dans certaines banlieues françaises, les évolutions préoccupantes de plusieurs régions, comme la région PACA ou la Corse, subissant depuis quelques années la domination de discrets réseaux politico-économico-criminels, en offrent un avant goût amer."

 

texte tiré de la revue Etudes de mars 2012 "Crise des dettes souveraines et essor des mafias" de Jacques de Saint Victor

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast