En Suisse,une loi risque de conforter l'extrême droite dans son appropriation de notre culture
(texte de loi repris sur un site officiel dont j'ai perdu l'adresse seuls les commentaires en mauves sont de moi)
Du droit de porter et d’arborer des runes
Le Conseil fédéral souhaite renforcer et compléter les normes permettant de réprimer le racisme et l’incitation à la haine de l’autre, de même que les moyens de lutte contre le hooliganisme. Il a donc élaboré à cette fin un projet de loi fédérale, depuis lors scindé entre le volet politique et le volet hooliganisme, « instituant des mesures contre le racisme, le hooliganisme et la propagande incitant à la violence ». Un des volets de la loi susmentionnée prévoit de prohiber les « symboles à caractère raciste » par l’adjonction, dans le code pénal, d’une nouvelle disposition (contravention) qui frapperait « celui qui, publiquement, aura vanté, proposé, exposé, porté, montré ou, de quelque autre manière, rendu accessible des symboles à caractère raciste » ainsi que « celui qui aura fabriqué, importé, entreposé ou mis en circulation des symboles à caractère raciste ». A ce stade, la norme ne semble pas appeler de critiques particulières, même si l’efficacité réelle de ce genre de disposition reste largement à démontrer. C’est ainsi qu’en Allemagne, qui connaît une prohibition semblable, les milieux d’extrême droite ont vite remplacé les symboles interdits par d’autres, comme le drapeau de guerre de la marine impériale, l’aigle prussien, etc.
Les choses se compliquent toutefois quand on essaie de définir le périmètre et le contenu de la notion de « symboles à caractère raciste ». Le Rapport explicatif du 12 février 2003 mentionne à ce propos qu’on ne saurait établir de liste exhaustive de ces symboles, mais qu’ils comprennent en tout cas ceux issus du national-socialisme, à savoir la croix gammée (même représentée à l’envers – sic !) et les runes, et pour ces dernières, notamment mais non exclusivement, le « double S stylisé sous forme de rune ». En d’autres termes, et d’après le Rapport, l’utilisation ou le port de runes ou de symboles runiques dénoterait une utilisation intentionnelle de « symboles à caractère raciste » prohibés par la loi pénale. Cette généralisation est malheureusement aussi abusive qu’elle est inquiétante.
Les « runes », du vieux norrois « rúnar », désignent en fait trois notions bien distinctes : le savoir secret et la sagesse, des signes d’écriture (comme n’importe quel alphabet) et des symboles à caractère magique ou rituel utilisés dans la magie opérative des anciens Scandinaves ("on aurait pu ajouter celtique qui sont moins guerriers que les germains").
En tant qu’alphabet, les runes sont apparues vers l’an 200 en Germanie du sud, et sont probablement influencées par des systèmes d’écriture utilisés dans le nord de l’Italie. Vers l’an 800, elles sont simplifiées pour prendre la forme d’un alphabet de seize signes, appelé « futhark ». Différents textes, dont des recueils de loi, seront ainsi rédigés en alphabet runique, les exemples les plus spectaculaires demeurant ces vastes pierres commémoratives érigées dans toute la Scandinavie à l’époque Viking.
L’aspect magique et religieux des runes découle d’un aspect central de l’Odinisme (ou « Asatru », foi des Ases, qui désigne le paganisme scandinave), la pendaison rituelle d’Odin et l’acquisition de la connaissance qui en résulte, ce qui inclut la « teinte » des runes par le sang et la possibilité de conjurer. L’Odinisme, rappelons-le, est reconnu comme une religion officielle en Islande depuis 1973, et inspire de nombreux néo-paiens dans toute l’Europe par son ancienneté et la richesse de sa symbolique ("l'odinisme mais aussi le druidisme"). D’aucuns portent d’ailleurs au revers de leurs vestes, en pendentif ou d’autre manière, certaines runes, considérées comme bénéfiques ou particulièrement symboliques.
Il est donc totalement abusif de ramener ainsi ces signes porteurs d’une culture très ancienne, multiséculaire, à la fois alphabet et symboles magico-religieux, à l’utilisation très occasionnelle qu’a pu en faire un régime criminel inspiré par le racisme et l’antisémitisme. Les intentions, même bonnes, ne suffisent pas à justifier de tels amalgames. C’est d’ailleurs ce qu’avait relevé le Parti socialiste lors de la procédure de consultation, qui, sous la plume de Christiane Brunner, avait souhaité que ne soient réprimés que les « symboles à caractère raciste en référence claire avec un régime raciste ou une organisation reconnue comme telle. »
Le Conseil fédéral souhaite renforcer et compléter les normes permettant de réprimer le racisme et l’incitation à la haine de l’autre, de même que les moyens de lutte contre le hooliganisme. Il a donc élaboré à cette fin un projet de loi fédérale, depuis lors scindé entre le volet politique et le volet hooliganisme, « instituant des mesures contre le racisme, le hooliganisme et la propagande incitant à la violence ». Un des volets de la loi susmentionnée prévoit de prohiber les « symboles à caractère raciste » par l’adjonction, dans le code pénal, d’une nouvelle disposition (contravention) qui frapperait « celui qui, publiquement, aura vanté, proposé, exposé, porté, montré ou, de quelque autre manière, rendu accessible des symboles à caractère raciste » ainsi que « celui qui aura fabriqué, importé, entreposé ou mis en circulation des symboles à caractère raciste ». A ce stade, la norme ne semble pas appeler de critiques particulières, même si l’efficacité réelle de ce genre de disposition reste largement à démontrer. C’est ainsi qu’en Allemagne, qui connaît une prohibition semblable, les milieux d’extrême droite ont vite remplacé les symboles interdits par d’autres, comme le drapeau de guerre de la marine impériale, l’aigle prussien, etc.
Les choses se compliquent toutefois quand on essaie de définir le périmètre et le contenu de la notion de « symboles à caractère raciste ». Le Rapport explicatif du 12 février 2003 mentionne à ce propos qu’on ne saurait établir de liste exhaustive de ces symboles, mais qu’ils comprennent en tout cas ceux issus du national-socialisme, à savoir la croix gammée (même représentée à l’envers – sic !) et les runes, et pour ces dernières, notamment mais non exclusivement, le « double S stylisé sous forme de rune ». En d’autres termes, et d’après le Rapport, l’utilisation ou le port de runes ou de symboles runiques dénoterait une utilisation intentionnelle de « symboles à caractère raciste » prohibés par la loi pénale. Cette généralisation est malheureusement aussi abusive qu’elle est inquiétante.
Les « runes », du vieux norrois « rúnar », désignent en fait trois notions bien distinctes : le savoir secret et la sagesse, des signes d’écriture (comme n’importe quel alphabet) et des symboles à caractère magique ou rituel utilisés dans la magie opérative des anciens Scandinaves ("on aurait pu ajouter celtique qui sont moins guerriers que les germains").
En tant qu’alphabet, les runes sont apparues vers l’an 200 en Germanie du sud, et sont probablement influencées par des systèmes d’écriture utilisés dans le nord de l’Italie. Vers l’an 800, elles sont simplifiées pour prendre la forme d’un alphabet de seize signes, appelé « futhark ». Différents textes, dont des recueils de loi, seront ainsi rédigés en alphabet runique, les exemples les plus spectaculaires demeurant ces vastes pierres commémoratives érigées dans toute la Scandinavie à l’époque Viking.
L’aspect magique et religieux des runes découle d’un aspect central de l’Odinisme (ou « Asatru », foi des Ases, qui désigne le paganisme scandinave), la pendaison rituelle d’Odin et l’acquisition de la connaissance qui en résulte, ce qui inclut la « teinte » des runes par le sang et la possibilité de conjurer. L’Odinisme, rappelons-le, est reconnu comme une religion officielle en Islande depuis 1973, et inspire de nombreux néo-paiens dans toute l’Europe par son ancienneté et la richesse de sa symbolique ("l'odinisme mais aussi le druidisme"). D’aucuns portent d’ailleurs au revers de leurs vestes, en pendentif ou d’autre manière, certaines runes, considérées comme bénéfiques ou particulièrement symboliques.
Il est donc totalement abusif de ramener ainsi ces signes porteurs d’une culture très ancienne, multiséculaire, à la fois alphabet et symboles magico-religieux, à l’utilisation très occasionnelle qu’a pu en faire un régime criminel inspiré par le racisme et l’antisémitisme. Les intentions, même bonnes, ne suffisent pas à justifier de tels amalgames. C’est d’ailleurs ce qu’avait relevé le Parti socialiste lors de la procédure de consultation, qui, sous la plume de Christiane Brunner, avait souhaité que ne soient réprimés que les « symboles à caractère raciste en référence claire avec un régime raciste ou une organisation reconnue comme telle. »
extrait de la chanson de fabe ... alors qui est racistes ?
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